HUMBLEMENT ET PATIEMMENT, LE ROYAUME ADVIENT

La lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe est antérieure aux deux récits des évangiles de Matthieu et de Luc qui nous rapportent le récit de la naissance de Jésus. Dans sa lettre, Paul annonce un renversement à venir. Il écrit : « A présent, nous voyons comme dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face. A présent, ma connaissance est limitée, mais alors je connaîtrai comme je suis connu.»

Curieuse parole que celle de Paul qui nous laisse entendre que ce que nous croyons voir et connaître de ce monde est en quelque sorte une illusion. Oui nous nous illusionnons lorsque nous croyons connaître une personne en vérité. En réalité nous voyons flou et partiellement et cela nous inconforte. La foi en Dieu nous donne à croire mais elle ne nous permet pas de voir comme Dieu nous connaît.

Dans le récit de Luc, ce sont les bergers à qui il est donné de voir le salut qui vient. Un nourrisson, des bergers, une étable, rien ne correspond à ce que l’on pourrait attendre de la venue du messie. Où est son pouvoir, sa richesse, sa notoriété ?

Jésus se donne à voir à des parias de la communauté ! Les bergers de l’évangile de Luc, parce qu’ils ont la responsabilité du troupeau jour et nuit, sont dans l’incapacité d’accomplir la loi mosaïque.

Parce que nous croyons savoir ce que nous ignorons et parce que ce que nous croyons voir ce que nous ne discernons pas, pour qu’advienne son règne de justice et de paix, le Seigneur se fait humble petit enfant offert à la brutalité des hommes et aux prétentions de toute-puissance de ce monde. Afin que nous n’ayons pas peur d’accueillir sa lumière et sa vérité, il vient libérer nos regards de toutes leurs certitudes. Au cœur d’un monde qui juge trop promptement, c’est humblement et patiemment que le royaume advient. Les bergers de Luc sont arrivés les mains vides. Ils ont laissé derrière eux un monde à l’envers pour venir contempler la lumière de Dieu.

Ainsi nous pouvons prier avec tous les parias de la terre :

Renverser la table avec toi Seigneur,
Pour t’y faire une place.
Accueillir ton esprit d’enfance,
Et voilà que ta paix jaillit.
Voici la nuit au cœur de l’hiver,
Avec toi nos corps n’ont plus froid.
Voici venu le temps de l’exil,
Avec toi nous n’avons plus peur.
La table est prête, nous faisons silence.
Nos mains sont ouvertes, nos paupières sont closes.
Maintenant tu es là, au milieu de nous.
Comme un enfant de joie, comme un enfant roi.
Les anges chantent un cantique nouveau :
« Paix, paix, paix sur la terre et dans le cœur des hommes de bonne volonté »
Réjouissez-vous car un sauveur nous est né.
Amen