Chaque année, le 9 décembre, la France célèbre la Journée de la laïcité, en mémoire de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Cette date ouvre un espace de réflexion sur un principe fondateur de notre République, mais aussi sur la manière dont croyants et non-croyants peuvent vivre ensemble dans un pays marqué par la pluralité des convictions.
Pour notre Église, cette journée n’est pas seulement un rappel historique : c’est une invitation spirituelle et citoyenne à relire notre place dans la société, notre manière de participer au débat public, et la façon dont nous vivons l’Évangile dans un cadre républicain qui garantit à la fois la liberté de conscience et la liberté de culte.
1. La laïcité : une chance pour les Églises
Pour la tradition protestante, la séparation des Églises et de l’État est largement perçue comme une bonne nouvelle.
Elle garantit :
- La liberté de croire ou de ne pas croire ;
- L’égalité de toutes les convictions devant la loi ;
- La neutralité de l’État, qui ne privilégie aucun culte ;
- L’autonomie des communautés religieuses, libres de s’organiser, de célébrer, d’enseigner et de témoigner.
Loin de réduire la dimension spirituelle de la société, la laïcité offre au contraire un cadre apaisé où la foi n’est ni imposée, ni disqualifiée, mais vécue dans la liberté.
Pour l’Église protestante, attachée à la responsabilité personnelle, à la lecture libre des Écritures et à la distinction entre le temporel et le spirituel, ce principe est profondément cohérent.
2. Une responsabilité commune : faire vivre la liberté de conscience
La laïcité n’est pas seulement un cadre juridique : elle est aussi une exigence quotidienne.
Elle nous appelle, comme citoyens et comme croyants, à :
- écouter les convictions d’autrui sans les juger ;
- favoriser le dialogue plutôt que la méfiance ;
- transmettre aux jeunes générations le goût d’une société où chacun peut exprimer sa foi ou ses convictions dans le respect ;
- lutter contre les amalgames, les stigmatisations, les radicalisations.
Dans un contexte où les questions de religion occupent souvent l’actualité, parfois avec tension, la Journée de la laïcité rappelle que le vivre-ensemble repose sur une confiance réciproque : celle que la liberté de l’un ne menace pas celle de l’autre.
3. La contribution des Églises à l’espace public
La laïcité ne confine pas les Églises au silence. Elle leur ouvre au contraire un espace de parole clair et responsable.
Dans un État laïque :
- les communautés religieuses peuvent proposer une parole éthique, spirituelle ou sociale ;
- elles participent au débat public, non pour imposer une norme religieuse, mais pour inspirer des chemins d’humanité ;
- elles sont engagées dans des actions de solidarité, d’accueil, d’écoute, de présence auprès des plus fragiles – autant de contributions essentielles au lien social.
Notre Église rappelle ainsi que la foi chrétienne, vécue humblement et joyeusement, est un ferment de paix dans la cité.
4. Vivre la laïcité comme un chemin d’espérance
Pour les disciples du Christ, la laïcité est l’occasion de témoigner d’une Église :
- ouverte,
- partenaire du bien commun,
- respectueuse des diverses convictions,
- attentive à la dignité de chacun.
Dans un temps où les divisions peuvent s’accentuer, la Journée de la laïcité est un rappel précieux : la liberté se construit ensemble.
Elle nous invite à porter dans la prière et dans nos engagements un désir de paix, de justice et de fraternité.
En conclusion : célébrer la Journée de la laïcité 2025, c’est réaffirmer notre gratitude pour ce cadre républicain qui nous permet de vivre la foi sans contrainte, de la partager avec respect, et de participer à la vie de la société en toute liberté.
Puisse cette journée nous encourager à être, au cœur du monde, des artisans de dialogue, de liberté et de fraternité, selon l’Évangile du Christ.